Introduction
Le sens traditionnel du concept de souveraineté renvoie au besoin de contrôle par une population donnée, de son territoire régi par une ou des lois nationales issues de sa volonté collective. Avec l’avènement d’un cyberespace de plus en plus absorbant, ce concept s’est transposé, à juste raison, dans un nouveau paradigme dénommé « souveraineté numérique » qu’il faille adresser. C’est devenu aujourd’hui un enjeu pour chaque pays de se donner les moyens d’agir sur le cyberespace afin de le réguler, du moins pour ce qui relève des limites de ses frontières. Le numérique s’étant imposé à tous comme un levier incontournable de la transformation économique, sociale et culturelle, sa gouvernance et sa régulation sont devenues le nouveau théâtre des conflits internationaux entre Etats, mais aussi entre multinationales conférant ainsi à la souveraineté numérique une dimension politique redéfinissant les contours des relations internationales.
La matérialisation de cette souveraineté ne saurait faire abstraction d’un triptyque essentiel et minimal : une infrastructure nationale fédérée, une identité numérique unique, et un stockage national des données.Une
Infrastructure nationale
Un aménagement numérique cohérent, condition sine qua none d’un « numérique pour tous et pour tous les usages », se pose aujourd’hui avec de plus en plus d’acuité. La situation actuelle, qui donne libre cours à tout un chacun de déployer ses infrastructures comme bon lui semble, ne saurait garantir la matérialisation de cette vision de notre stratégie nationale SN2025. Cette dernière passera nécessairement par la fédération de tous les réseaux publics existants (ADIE, SENELEC, POSTE, TDS, etc.) au sein d’une société nationale des infrastructures numériques qui en deviendrait l’unique propriétaire et qui les mettrait à la disposition d’une ou de plusieurs concessionnaires d’exploitation, disposant de cahiers de charges autorisant le partage sans obstacle de ces infrastructures dans un environnement fortement régulé. La gestion et l’extension de cette infrastructure nationale serait ainsi rigoureusement planifiées et encadrées dans un souci d’optimisation et de pérennisation. Les structures actuellement propriétaires de ces infrastructures détiendraient des actions à la hauteur de leurs actifs cédés à la nouvelle entité ; une étude plus poussée en définirait les modalités pratiques.
Une identité numérique
L’immiscion de plus en plus incontrôlée du numérique dans la vie quotidienne des citoyens a fini de nos jours de conférer à la notion de citoyenneté une nouvelle dimension numérique. La citoyenneté, faut-il le rappeler, est du point de vue juridique, ce statut qui permet à un individu de devenir membre d’une communauté étatique en lui donnant du coup l’ensemble des droits politiques et en l’astreignant à des devoirs civiques nécessaires à sa participation à la vie de sa société ou de sa communauté politique. Ainsi le citoyen a besoin dans son nouvel univers, d’une identité numérique qui lui sert de lien technologique entre l’entité physique intrinsèque qu’il constitue et son existence virtuelle qui permet de l’identifier de manière non équivoque et de le mettre en relation avec l’ensemble des communautés virtuelles présentes sur le Web. L’identité numérique est donc fondatrice de la citoyenneté numérique et constitue une vecteur de confiance entre l’Etat, le citoyen et l’écosystème numériques d’acteurs publics comme privés. Elle assoie une confiance numérique indispensable aux transactions électroniques qui rythment la communication et la vie dans le cyberespace. Une identité numérique robuste, fiable et sécurisée est un gage pour la réalisation d’un service universel équitable garantissant à chaque citoyen l’accès aux services publics dématérialisés dans le respect des valeurs républicaines et des principes cardinaux qui gouvernent notre Nation.
Un stockage national
C’est devenu une vérité de La Palice que la data, de par son caractère infini, constitue de nos jours la nouvelle valeur marchande qui détrône les ressources naturelles connues pour leur haute déclivité. Avec le développement exponentiel de l’intelligence artificielle et ses multiples applications sur l’internet des objets et le big data, il n’est plus concevable d’admettre le stockage de nos données administratives et à caractère personnel sur le cloud. La Conservation de nos données sur notre territoire national devient un enjeu de sécurité hautement stratégique. L’usage des adresses mail gratuits, l’hébergement de nos plateformes web, et de nos données administratives sur le cloud doivent être systématiquement bannis au profit de datacenters nationaux aux standards et normes internationaux. Il en est de même pour la mise en service fonctionnel de notre point d échanges Internet (SeniX).